Hébergement d’une personne par un locataire : ce que vous devez savoir
La statistique est brutale : chaque année, des centaines de locataires se voient reprocher d’avoir hébergé un proche, alors que la loi, elle, ne s’en émeut guère. Les imprécisions du bail, les soupçons de sous-location, les tensions entre voisins et propriétaires, voilà le vrai quotidien derrière une règle simple qui, en apparence, protège la liberté d’accueillir.
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Hébergement à titre gratuit : ce que la loi autorise pour les locataires
En France, accueillir gratuitement quelqu’un chez soi lorsqu’on loue un appartement ne relève pas de l’exception. Le droit protège la vie privée du locataire : aucune règle ne l’empêche d’ouvrir sa porte à une personne de son choix, dès lors que la sous-location n’entre pas en jeu. Le bailleur ne peut ni s’y opposer, ni imposer des conditions restrictives, sauf cas très particuliers rarement retenus par la justice. Ce principe s’applique indépendamment des liens de parenté ou de la durée de l’accueil.
La frontière avec la sous-location reste toutefois bien marquée. Tant que le locataire ne perçoit aucun loyer et que le logement n’est pas transformé en hébergement collectif, la loi ne pose pas de barrière supplémentaire. L’individu accueilli ne détient aucun droit sur l’appartement : il n’apparaît ni sur le contrat ni sur les quittances, et il ne traite jamais directement avec le propriétaire.
Certaines situations peuvent toutefois envenimer la relation. Quand une clause du bail tente d’interdire l’hébergement, les juges penchent généralement en faveur du respect de la vie privée. Mais si l’accueil se transforme en trouble manifeste pour le voisinage, ou si le logement devient surchargé, le propriétaire peut solliciter l’intervention du tribunal.
Pour mieux cerner les droits et limites de chacun, voici ce qui s’applique dans la majorité des situations :
- Le locataire reste pleinement responsable de son bien et de ses obligations contractuelles.
- La personne hébergée ne bénéficie jamais d’un quelconque droit à rester ou à occuper les lieux.
- Le propriétaire n’a aucun moyen d’intervenir, sauf en cas d’abus caractérisé ou de non-respect du contrat.
La jurisprudence confirme régulièrement cette ligne : héberger un tiers, même sur une longue période, ne constitue ni une infraction, ni un motif de rupture du bail. La solidarité, lorsqu’elle ne trouble ni la tranquillité de l’immeuble, ni la destination des lieux, reste juridiquement protégée.
Quels droits et quelles limites pour accueillir une personne dans un logement loué ?
Accueillir un ami, un parent ou un proche dans son appartement loué, c’est avant tout une affaire privée. Ni la loi ni les textes ne posent de limite à cette hospitalité. Aucune obligation n’impose au locataire d’avertir le propriétaire, sauf si une clause très spécifique figure dans son bail, une situation inhabituelle et très rarement appliquée. Tant que l’accueil ne tourne pas à la sous-location ou à la transformation du logement en résidence principale pour la personne hébergée, rien n’oblige à signaler quoi que ce soit.
En revanche, tout débordement susceptible de nuire à la tranquillité des voisins ou de modifier la nature du logement peut donner lieu à une réaction du bailleur. Les textes sur le surpeuplement rappellent que la capacité d’un logement n’est pas illimitée : pour une personne seule, 9 m², pour deux, 16 m², selon l’article R. 111-2 du code de la construction. Dépasser ces seuils, c’est exposer la santé et la sécurité des occupants, ce qui peut justifier l’intervention du propriétaire ou des autorités sanitaires.
La personne hébergée ne dispose d’aucun droit sur l’appartement ; elle dépend totalement du locataire. Aucune modification du contrat, aucun avenant, n’est nécessaire. Les charges, l’assurance habitation, toutes les responsabilités demeurent entre les mains du titulaire du bail, qui reste le seul interlocuteur du propriétaire.

Propriétaire, locataire : comprendre les implications et éviter les mauvaises surprises
Héberger quelqu’un dans un appartement en location n’est pas un geste purement symbolique. Dès qu’une démarche administrative s’engage, chaque partie doit mesurer l’étendue de ses devoirs et anticiper les conséquences. Par exemple, si la personne hébergée sollicite des aides sociales, allocation logement, RSA, complémentaire santé,, la composition du foyer est réévaluée et le forfait logement s’applique de manière systématique dès qu’une attestation d’hébergement est remise à la CAF.
Pour éviter toute mauvaise surprise, voici ce que chacun doit retenir :
- Le locataire est tenu de signaler la présence d’un hébergé à la CAF, sous peine de voir ses aides recalculées rétroactivement.
- Le propriétaire n’est concerné que si le bail est impacté ou si le logement se retrouve sur-occupé.
Rédiger une attestation sur l’honneur n’est pas un acte anodin. Ce document précise la date de début de l’hébergement et l’identité complète de la personne accueillie. Il permet à l’hébergé de justifier sa domiciliation auprès des administrations, de la CAF à la préfecture, en passant par les impôts.
Par ailleurs, héberger gratuitement peut aussi modifier la composition du foyer fiscal et impacter la taxe d’habitation. En cas de décès ou de départ du locataire, la règle est claire : l’hébergé ne peut ni reprendre ni poursuivre le bail.
Accueillir quelqu’un chez soi, même pour rendre service, suppose d’agir avec rigueur. Déclarer la situation aux organismes sociaux, établir une attestation conforme, anticiper les répercussions sur les aides et la fiscalité : voilà le prix d’une hospitalité sans nuages. La clarté des démarches, c’est la meilleure assurance contre les conflits et les déconvenues. Rien ne remplace la transparence lorsqu’il s’agit d’ouvrir sa porte, et de rester dans les clous.