Finance

Nombre de personnes avec 1 million de dollars d’économies

59 millions. Ce n’est pas une estimation floue, ni une projection pour 2050. C’est le nombre de personnes qui, aujourd’hui, peuvent afficher sur leur relevé bancaire au moins un million de dollars d’économies. Le dernier rapport du Crédit Suisse vient d’enfoncer le clou : malgré les crises successives, la population des millionnaires ne cesse de grimper, et le rythme s’accélère encore.

Derrière cette hausse massive, la répartition n’a rien d’uniforme. Les États-Unis s’imposent, rassemblant à eux seuls près de 40 % des millionnaires de la planète. L’Europe avance, mais sans éclat, tandis que l’Asie offre des trajectoires en zigzag. La France, elle, trace sa voie entre croissance solide et prudence, loin des envolées spectaculaires.

Combien de personnes détiennent aujourd’hui un million de dollars d’économies ?

On atteint des niveaux jamais vus : près de 59 millions de personnes dans le monde disposent désormais d’au moins un million de dollars de patrimoine. Ce chiffre, issu du Global Wealth Report du Crédit Suisse, ne masque rien : la tendance à la hausse est mondiale, mais la carte de la richesse reste profondément inégale.

En tête, les États-Unis, où environ 22 millions d’individus affichent ce statut. La Chine approche les 6,2 millions. L’Allemagne, le Royaume-Uni et la France (environ 2,8 millions chacun pour les deux premiers, un peu plus pour la France) composent le peloton de tête, suivis par la Suisse et le Canada. Chacun de ces pays imprime sa marque à la configuration de ce club très fermé.

Difficile de saisir l’ampleur du phénomène sans un aperçu comparatif. Voici comment se répartissent les effectifs des principaux pays :

  • États-Unis : 22 millions de millionnaires
  • Chine : 6,2 millions
  • France : 2,8 millions
  • Allemagne : 2,6 millions
  • Royaume-Uni : 2,4 millions

Chaque année, des centaines de milliers de nouveaux venus rejoignent ce cercle, bouleversant la cartographie des fortunes personnelles et resserrant la concentration mondiale des richesses. Cette dynamique n’a rien du hasard : elle remet sur la table les notions d’opportunités et de déséquilibres, avec des fortunes éclair qui surgissent, mais aussi des écarts qui se durcissent.

Pourquoi la croissance du nombre de millionnaires s’accélère-t-elle dans le monde ?

Les marchés financiers ont ouvert la porte à une croissance rapide du nombre de millionnaires. Le S&P 500 tutoie des records, les sociétés de la tech font émerger de nouveaux visages fortunés à toute allure, et la diversification des investissements, jusque dans les cryptoactifs, métamorphose les parcours. Si la volatilité se rappelle régulièrement à l’ordre, ces secteurs restent des accélérateurs de richesse.

L’autre moteur, c’est l’héritage. Un transfert massif s’opère de la génération du baby-boom vers leurs enfants et petits-enfants. Résultat : des personnes qui accèdent à des patrimoines dont la taille n’a plus grand-chose à voir avec les transmissions d’autrefois. Ce mouvement redistribue les cartes à une vitesse inédite, dessinant un nouveau visage du patrimoine mondial.

Incontournable également, l’effet technologie. L’intelligence artificielle, l’économie numérique, les start-up propulsées à coup de capital-risque ont accouché, souvent en un temps record, d’une jeune génération de fortunes issues de l’innovation et parfois de la spéculation. Ces trajectoires tranchent avec les itinéraires classiques et installent de nouveaux codes dans l’univers des grandes fortunes.

Tout autour, les banques privées façonnent ce paysage en proposant à une élite rarement aussi bien conseillée, une large palette de stratégies sur mesure et d’outils financiers personnalisés. Leur influence s’étend bien au-delà de la simple gestion de patrimoine : elles contribuent activement à redéfinir les pôles de richesse et accentuent le caractère sélectif de l’accès à ce club.

Couple retraité souriant dans un salon chaleureux

États-Unis, Europe, France : des dynamiques contrastées et des inégalités qui se creusent

L’accroissement rapide du nombre de personnes détenant plus d’un million de dollars ne raconte jamais la même histoire selon la zone géographique. Aux États-Unis, la progression est frappante : plus de 22,7 millions de millionnaires en 2023. De l’autre côté de l’Atlantique, l’Europe avance moins vite, freinée par un patrimoine médian qui se remet difficilement des différents chocs économiques de ces dernières années.

Le détail compte. L’Allemagne grimpe à plus de 2,6 millions de millionnaires, le Royaume-Uni tutoie les 2,5 millions. La France franchit tout juste le cap symbolique du million de personnes disposant d’au moins un million de dollars d’actifs financiers. Sur le papier, la progression étonne. Mais en réalité, la concentration du patrimoine s’intensifie : la part détenue par la moitié la plus fragile de la population régresse, creusant les lignes de fracture.

Ce constat, régulièrement dressé par les chercheurs et les organisations internationales, révèle la mécanique qui s’installe : les plus riches captent une fraction toujours plus élevée des richesses produites. Les débats sur la fiscalité, la redistribution ou la transition écologique prennent une urgence particulière, alors que cette minorité très aisée influe aussi de façon disproportionnée sur l’empreinte environnementale collective. La suite s’écrira entre accélération des privilèges pour une poignée et fragmentation persistante pour le reste du monde.