Impact du chlore sur la détérioration du béton
Le béton, matériau omniprésent des infrastructures modernes, cache parfois des failles invisibles à l’œil nu. La réaction entre les ions chlorure et l’acier d’armature ne s’amorce qu’à partir d’un seuil critique, même en présence d’humidité. Des structures exposées à des concentrations identiques présentent parfois des vitesses de corrosion très différentes selon la composition du béton ou sa compacité. Les techniques standards de formulation n’offrent pas toujours la protection attendue contre la pénétration des chlorures, ce qui remet en cause certains protocoles de durabilité adoptés dans le génie civil.
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Pourquoi les chlorures représentent-ils une menace pour la durabilité du béton ?
Les chlorures progressent dans le béton en empruntant le réseau de pores et la phase liquide, ce qui leur permet d’atteindre rapidement les armatures métalliques. Dès qu’ils s’installent dans le béton armé, ils provoquent une dégradation sournoise mais redoutable. Les ions chlorures, une fois insérés, franchissent les défenses du matériau et accélèrent le développement de la corrosion sur les aciers d’armature. Cette réaction met à mal la stabilité des ouvrages à long terme.
Dans le secteur du génie civil, préserver la durabilité des structures exige une maîtrise rigoureuse de la pénétration des chlorures. Quand la concentration critique est atteinte, la corrosion démarre : elle produit des gonflements dus aux produits de corrosion, ouvre des fissures dans le béton, fragilise l’ensemble. Les conséquences pour la sécurité deviennent palpables : perte d’adhérence entre l’acier et le béton, baisse de la résistance portante, vulnérabilité accrue face à d’autres agressions extérieures.
La sensibilité des ouvrages en béton varie selon la densité, la proportion de ciment et la qualité des composants utilisés. Un béton dense, faiblement perméable, tient mieux le choc, mais aucune structure n’est totalement hermétique aux chlorures, particulièrement en bord de mer ou sur les routes traitées au sel l’hiver.
Voici les principales étapes du danger posé par les chlorures :
- Pénétration des chlorures à travers les pores du béton
- Déclenchement de la corrosion des armatures
- Conséquences directes sur la sécurité et la tenue des ouvrages de génie civil
Le véritable enjeu consiste à limiter la progression des ions chlorure et à renforcer la résilience des bétons exposés. Les effets de ces agents sur le béton armé restent une interrogation centrale pour la longévité de nos infrastructures.
Les mécanismes de dégradation du béton sous l’effet des ions chlorure : comprendre le processus de corrosion
La diffusion des ions chlorure à travers le béton donne lieu à une série de réactions, d’abord discrètes, puis nettement destructrices. Ces ions, transportés par l’humidité, traversent la structure poreuse jusqu’aux armatures en acier. À ce stade, le béton perd sa fonction de rempart. L’équilibre chimique est rompu : les réactions d’oxydation se déclenchent, marquant le début de la corrosion des armatures.
Quand la quantité de chlorures dépasse le seuil critique au contact de l’acier, le film protecteur naturel disparaît, laissant celui-ci sans défense face à la corrosion. L’oxygène dissous et l’eau présents dans les pores accélèrent la propagation du phénomène, provoquant des attaques localisées, les fameuses piqûres, qui réduisent la section efficace des armatures. Ce processus, d’abord ponctuel, finit par gagner du terrain.
Voici comment ce mécanisme s’installe :
- Les chlorures progressent lentement jusqu’aux armatures
- La corrosion débute de façon localisée
- L’humidité ambiante intensifie le développement du phénomène
La rapidité de cette dégradation dépend de la perméabilité du béton, de la qualité du compactage, de la teneur en ciment et des conditions environnementales. Les ouvrages côtiers ou ceux exposés au salage hivernal sont particulièrement concernés. Corrosion interne et désagrégation de la matrice s’installent, mettant en péril l’intégrité de l’ensemble. Fissures, éclats en surface : autant de signes visibles qui trahissent l’ampleur du problème, bien avant l’apparition de faiblesses structurelles majeures.

Prévenir la détérioration des infrastructures routières : solutions et bonnes pratiques face aux chlorures
Pour protéger les infrastructures routières des effets néfastes des chlorures, la vigilance s’impose à chaque étape. Face à la corrosion rapide des armatures, plusieurs pistes concrètes sont aujourd’hui mises en œuvre. Les revêtements de surface, par exemple, constituent une barrière qui freine la migration des ions chlorure vers le cœur du béton : résines hydrofuges, membranes polymères, siloxanes… chaque technique offre un rempart plus ou moins efficace selon la situation et le climat.
La sélection d’un béton naturellement plus résistant aux chlorures s’affirme aussi comme une priorité dès la conception. Un dosage eau/ciment réduit, l’ajout de minéraux comme la fumée de silice ou les cendres volantes, contribuent à rendre la structure moins poreuse et donc moins vulnérable à l’action des chlorures. Les formulations récentes optimisent ainsi l’étanchéité du matériau pour tenir sur la durée en environnement agressif.
Pour les ouvrages déjà concernés par la corrosion, plusieurs techniques correctives existent :
- Réalcalinisation du béton pour rétablir la couche protectrice naturelle des armatures
- Déchloruration électrochimique pour extraire les ions chlorure accumulés dans la structure
- Protection cathodique ou galvanique des aciers pour stopper la corrosion
Une surveillance régulière et des contrôles sur la concentration en chlorures à la surface du béton offrent la possibilité d’intervenir avant les dégâts majeurs, par des opérations de réparation ou de ragréage ciblées. Miser sur la prévention et intégrer ces exigences dès la conception, c’est assurer la sécurité et la robustesse des infrastructures pour les décennies à venir. Sur le long terme, l’oubli ou la négligence face à la migration des chlorures se paie comptant : fissures, désordres, mises en péril évitables. Ne laissons pas les ions invisibles décider seuls de la vie de nos ouvrages.